décembre 2025
L’Amour à la source
Le mystère de Noël et le Cœur de Jésus
À un an près, beaucoup d’entre nous ont pu être touchés par deux événements spirituels de belle importance. D’une part l’encyclique du pape François Dilexit nos (« Il nous a aimés », du 24 octobre 2024), publiée quelques mois seulement avant la mort de ce pape si attaché à la miséricorde ; d’autre part la sortie d’un film français consacré au
Sacré-Cœur, qui a rencontré un écho inattendu et profond. Deux œuvres différentes dans leur forme ou dans leur expression, deux œuvres dont l’autorité n’est pas identique, mais deux œuvres convergentes dans leur message, qui n’est autre que celui sur lequel saint Jean, le disciple que Jésus aimait, n’a cessé d’insister et, après lui, toute la tradition chrétienne : Dieu est amour, et son amour se manifeste et se communique parfaitement dans la personne, la vie, la mort et la Résurrection de son Fils. Dit autrement, avec des mots forgés par l’expérience humaine : en Jésus, Dieu a un Cœur, et ce Cœur bat pour l’humanité.
Dans Dilexit nos, le Saint-Père rappelait que la dévotion au Sacré-Cœur n’est pas une simple pratique affective parmi d’autres. Elle est une école de réalisme chrétien : en contemplant le Cœur transpercé du Christ, nous découvrons un amour qui se laisse toucher, un amour vulnérable, un amour qui va jusqu’au bout. Le pape soulignait que ce Cœur n’est pas un symbole abstrait : il est le signe concret d’un Dieu qui s’est fait proche, qui a pris chair et a voulu aimer avec un cœur d’homme.
Le film sur le Sacré-Cœur va dans le même sens. À travers les témoignages et les images qui l’illustrent, il montre combien cette dévotion rejoint des vies ordinaires, souvent blessées, toujours en quête de sens.
On sort de la salle avec une conviction simple et décisive : le Sacré-Cœur n’est pas d’abord une spiritualité du passé, mais une réponse brûlante aux inquiétudes d’aujourd’hui. Ce Cœur silencieux attire, console, recentre.
Or, cette double actualité tombe à point nommé au moment où nous entrons dans le temps de l’Avent. Car s’il est une fête qui nous permet d’ajuster notre regard sur le Sacré-Cœur, c’est bien Noël. En célébrant la Nativité, nous faisons mémoire d’un Dieu qui ne nous sauve pas à distance, mais du dedans de notre humanité. La crèche de Bethléem est déjà l’annonce du Cœur transpercé du Golgotha : le même amour qui se fait petit enfant se donnera totalement sur la Croix. Noël est l’humilité radicale d’un Dieu qui se fait vulnérable ; le Sacré-Cœur est la révélation de ce même amour devenu visible, ouvert, brûlant, livré.
Et ceci est semblablement illustré par l’affirmation suivante de la constitution de Vatican II sur l’Église dans le monde ce temps, Gaudium et Spes, dont nous célébrons dans quelques jours le 60èmeanniversaire : « En réalité, le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe Incarné… par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni Lui-même à tout homme. Il a travaillé avec des mains d’homme, Il a pensé avec une intelligence d’homme, Il a agi avec une volonté d’homme, Il a aimé avec un cœur d’homme. Né de la Vierge Marie, Il est vraiment devenu l’un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché. » (Gaudium et Spes, n° 22)
Que ce mois de décembre soit pour chacun un temps d’intériorité profonde ! En regardant l’Enfant de la crèche, accueillons le Cœur qui bat en lui, ce Cœur qui a tant aimé le monde. À tous, je souhaite un Avent habité et un Noël illuminé par le Cœur du Christ.
Père Hubert Vallet

