Novembre 2024
Joyeux anniversaire
Jeudi 21 novembre 2024 marquera le 60e anniversaire de la promulgation d’un des textes essentiels du concile Vatican II : la constitution sur l’Église. Même si les plus anciens parmi nous se rappellent certainement le retentissement qu’a provoqué, entre 1962 et 1965, le rassemblement à Rome des évêques du monde entier, peu d’entre nous ont sans doute eu (jusqu’à présent) l’occasion de lire intégralement ce texte fondateur, à la richesse toujours d’actualité. Le plus souvent, nous vivons de Vatican II sans nous en rendre compte – un peu comme le fameux M. Jourdain de Molière faisait de la prose sans le savoir –, tout simplement parce que ce concile fait partie intégrante de la Tradition de l’Église, qui ne cesse de nous porter.
J’en veux pour preuve tout ce que je continue, pour ma plus grande joie, à découvrir à Saint-François-des-Coteaux, et qu’on pourrait relire comme la mise en œuvre, inconsciente peut-être, mais réelle, d’accents essentiels de ce texte.
Dès son premier chapitre, en présentant « le mystère de l’Église », comme enracinée en Dieu, et qui n’a de raison d’être que grâce à son lien avec Jésus-Christ, le texte vise large : « Tous les hommes sont ap- pelés à cette union avec le Christ, qui est la lumière du monde, de qui nous venons, par qui nous vivons, vers qui nous tendons » (§ 3). J’y vois en quelque sorte, non seulement l’objectif du récent Congrès Mission mais aussi, plus généralement, le sens des engagements de tant et tant parmi vous au service de leurs frères et sœurs qui cherchent, parfois à tâtons, à grandir dans leur foi, désirant, pour eux ou leurs enfants, une vie chrétienne plus dilatée. La réflexion sur l’apostolat des laïcs est une des clefs du travail de Vatican II.
Car ce sont bien les fidèles, animés par l’Esprit, qui sont la vie effec– tive de la paroisse, par toutes leurs activités et leur témoignage, bien au-delà du cercle paroissial (famille, voisinage, travail…). De cette vie apostolique, l’Eucharistie demeure la source et le sommet. L’importance de la vie liturgique pour la mission, sujet de trois matinées de formation cet automne chez nous, a été plusieurs fois soulignée par Vatican II, par exemple : « les fidèles, en vertu de leur sacerdoce royal, concourent à l’offrande de l’Eucharistie et exercent leur sacerdoce par la réception des sacrements, la prière et l’action de grâces, le témoignage d’une vie sainte, le renoncement et la charité effective » (§ 10).
Les ministres ordonnés, évêques, prêtres et diacres, sont, eux, au ser- vice du « Peuple de Dieu » (expression et réalité remises en valeur par notre concile), dont ils sont donc des membres indispensables ; la vie organique de l’Église le nécessite, et notre prière pour cela doit se faire insistante. À ce propos, impossible d’oublier l’impressionnante rentrée des diacres du diocèse, début octobre à Vertou, présidée par notre évêque. Le diaconat a été restauré par Vatican II, explicitement dans notre texte : les diacres « sont au service du Peuple de Dieu dans la diaconie de la liturgie, de la parole et de la charité » (§ 29). Ceci étant dit, et vécu, l’engagement pour une solidarité active, fêtée récemment à La Haye-Fouassière, n’est toutefois en rien leur exclusivité ; il est en effet la mission de toute l’Église qui « entoure de son amour tous ceux qu’afflige la faiblesse humaine ; bien plus, elle reconnaît dans les pauvres et les souf– frants l’image de son Fondateur pauvre et souffrant » (§ 8).
On pourrait allonger la liste des rapprochements paroisse/concile, mais on peut aussi au contraire la résumer, grâce au thème d’un autre chapitre de la constitution : l’appel universel à la sainteté. A la veille de fêter dans la joie la multitude de ceux qui, tout en jouissant de la béatitude céleste, intercèdent pour nous et nous servent d’exemples et de modèle, faisons nôtre l’affirmation du concile : « Il est clair pour tous que chacun des fidèles, peu importe son état ou son rang, est appelé à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité ; dans la société terrestre elle-même, une telle sainteté contribue à la promotion d’un mode de vie plus humain » (§ 40). Encore et toujours, un appel à se laisser aimer pour mieux aimer.
Joyeux anniversaire, et bonne fête de la Toussaint !
P. Hubert Vallet, votre curé