juillet-aout 2025
Devoirs de vacances

Aussi loin que me reviennent mes souvenirs d’écolier, les passages dans la classe supérieure n’ont jamais été sans soucis. Résultat : je me voyais, été après été, gratifié d’un cahier de devoirs de vacances, qui allait alimenter un certain nombre de tensions pendant ces mois dits de détente. Évidemment, je ne regrette rien, sinon de n’avoir pas la possibilité de retrouver ces fascicules, avec leur téléphérique en couverture, qui rivalisaient de créativité (de l’époque) pour camoufler exercices de maths ou de français en inoffensifs jeux de salon…
Que s’agissait-il d’exercer ? Tout ce qui pouvait, en passant par le cerveau, rentrer sous le label « matière scolaire », c’est-à-dire que bien d’autres éléments de la croissance d’un enfant – corporel, relationnel, spirituel – trouvaient ailleurs leur assouvissement. Les devoirs de vacances devaient s’élargir à d’autres dimensions. La plus assurée, compte tenu de mes appétits d’alors, était le sport, excellent entretien de la condition corporelle, que garantissaient pendant des heures toutes sortes de balades, à pied ou à vélo, ou de parties de balles ou de ballons. Ces dernières favorisaient en outre un développement relationnel très agréable, plus facile que le trans-générationnel… Quelques visites culturelles, un peu pénibles à mes yeux, étaient censées m’ouvrir à l’art et à la beauté, et la fréquentation d’autres assemblées dominicales que celles de l’année complétaient le tableau sous l’angle spirituel. Bref, mes parents prenaient soin de moi, et je ne les en remercierai jamais assez.
Mais que sont devenus, pour chacun de nous, ces devoirs de vacances « grand format » ? Ou bien, pour le dire autrement, saisissons-nous l’occasion de la rupture de rythme estivale pour faire grandir toute notre personne.
Certes, nous ne négligerons sans doute pas les activités physiques, proportionnées à notre condition et à notre âge, ou au jardin à entretenir, ainsi que les rencontres et retrouvailles que l’été favorise ; mais n’oublions pas non plus nos voisins pour qui la solitude de l’été est parfois plus pesante. Certains mots fléchés ou jeux de sudoku vont peut-être aussi sortir des tiroirs, et ce sera fort détendant ; mais restera-t-il de la place pour un bon roman, comme nous y invitait le pape François l’été dernier ?
Enfin, nous aurons peut-être le plaisir de découvrir d’autres communautés chrétiennes ; mais saurons-nous aussi aller à la racine de ce que nous découvrons, c’est-à-dire l’appel à la sainteté ?
Le pape Léon XIV a récemment écrit une très belle lettre aux évêques de France et, à travers eux, à tous les chrétiens de notre pays, pour nous redire l’importance du terreau où poussent les saints. Évoquant la figure de trois saints de nos terroirs (Jean-Marie Vianney, Jean Eudes, Thérèse de Lisieux), il affirme : « Les Saints n’apparaissent pas spontanément mais, par la grâce, surgissent au sein de communautés chrétiennes vivantes qui ont su leur transmettre la foi, allumer dans leur cœur l’amour de Jésus et le désir de le suivre. Cet héritage chrétien vous appartient encore, il imprègne encore profondément votre culture et demeure vivant en bien des cœurs. » Il résume le trait spirituel commun à ces trois figures, toujours attrayantes : « ils ont aimé sans réserve Jésus de manière simple, forte et authentique ; ils ont fait l’expérience de sa bonté et de sa tendresse dans une particulière proximité quotidienne, et ils en ont témoigné dans un admirable élan missionnaire. »
Y a-t-il plus beau programme de « devoirs de vacances » ?
Excellent, donc saint, été 2025 !
Père Hubert Vallet